Éducation nationale : « on est obligé », ou comment le ministre Edouard Geffray justifie de supprimer 4000 postes d’enseignants

Le budget 2026 prévoit de supprimer quelque 4000 postes d’enseignants en France. Rien d’anormal, estime le ministre de l’Éducation nationale, Edouard Geffray.
Édouard Geffray, le ministre de l’Éducation nationale a justifié ce mardi 3 novembre sur TF1 la baisse du nombre d’enseignants dans le budget 2026.
Selon les calculs du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, le budget 2026 prévoit une suppression exacte de 4018 emplois ETP (Équivalents temps plein) d’enseignants (2373 dans le premier degré public et privé et 1645 dans le second degré). « On touche le fond », a déjà fait savoir le syndicat SE-Unsa. Le projet de budget « confirme la poursuite d’une politique d’austérité », a critiqué dans un communiqué la FSU-Snuipp, pour qui l’école publique est « abandonnée ».Invité ce lundi 3 novembre dans la matinale de TF1, le ministre de l’Éducation nationale a justifié cette décision par la baisse démographique du nombre d’élèves. « On aura bientôt perdu un million d’élèves dans le 1er degré – école élémentaire et primaire. Sur 6 700 000 élèves à la rentrée 2019, on aura 5 700 000 élèves à la rentrée 2029 », a-t-il chiffré. « Quand on recrute des professeurs, on les recrute pour 40 ans. Donc tout l’enjeu pour nous, c’est de s’adapter à cette démographie parce qu’une fois encore, c’est des réalités territoriales qui sont très différentes, ce n’est pas une règle de trois. »Je ne veux pas être le ministre du stop-and-go » : à l'Éducation nationale, Édouard Geffray dans la continuité - Le Parisien

« À la rentrée 2026 on aura 20 élèves en moyenne par classe (dans le premier degré, NDLR). L’idée c’est, d’un côté baisser le nombre d’élèves par classe là où ils sont encore assez nombreux, de l’autre on limite la fermeture des classes. Et évidemment en parallèle, on est obligé de tenir compte de la chute démographique parce qu’elle est réelle et absolument considérable », a poursuivi le ministre.

Moins de profs mais plus d’emplois

Lors d’un déplacement en octobre, Édouard Geffray avait souligné qu’en parallèle de ces suppressions, il y avait « des créations de postes qui correspondent aux concours, qui seront en fait nos futurs professeurs. » « Le solde des deux fait que le ministère de l’Éducation nationale continue à créer des emplois cette année », avait-il insisté.

Edouard Geffray, un fin connaisseur des arcanes du ministère de l'éducation, remplace Elisabeth Borne

Sans convaincre les syndicats. En dépit d’une hausse de 200 millions d’euros pour l’Éducation, le projet de budget « confirme la poursuite d’une politique d’austérité », avait critiqué dans un communiqué la FSU-Snuipp, déplorant une hausse des postes « en trompe-l’œil » qui « cache en réalité (une) suppression ».

Le schéma total d’emploi du ministère prévoit bien 5400 créations d’emplois (public et privé confondus), grâce à la création de 7938 emplois de fonctionnaires stagiaires, dont seulement une partie sera devant des élèves l’an prochain, selon ce syndicat. Sont créés également 1200 postes d’AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap), moins que l’an dernier (2000) et 200 postes dans le secteur médico-social notamment.